Merci la fourmi

J'ai un bébé d'un an. D'ailleurs, pas sûr qu'on parle encore d'un bébé à un an. J'ai donc une petite fille d'un an. À cet âge, elle est capable de s'asseoir seule, de se lever, de se déplacer debout en se tenant aux meubles... Elle est grande aussi, environ 80cm pour une dizaine de kilos. Par contre, à un an, un enfant porte encore des couches...

Tout ça pour en venir au fait que le volume des déchets engendrés par la digestion d'une petite fille d'un an est inversement proportionnel à sa patience quand il s'agit de la changer, elle-même inversement proportionnelle à la puissance qu'elle dégage pour se libérer rapidement de la table à langer et retourner sucer ses Duplo.

Il y a donc des moments où j'ai réellement besoin de mes deux mains pour lui assurer une hygiène correcte, et où j'aurais vraiment l'utilité d'une deuxième paire pour la maîtriser le temps de la manœuvre.

Et c'est là qu'entre en jeu l'arme absolue, la diversion culturelle rendue possible par un conditionnement puissant, fruit du travail acharné d'une équipe soudée composée des parents, grands-parents, sœur aînée et personnel de la crèche : la fourmi.

À peine la chanson entamée, ma fille arrête de se débattre, affiche un sourire radieux, et appuie frénétiquement l'index de sa main droite sur la paume de sa main gauche (là où la fourmi l'a "piquée"). Comme le conditionnement des couplets suivants (l'araignée, le bourdon, l'oiseau et l'abeille qui piquent le nez, le menton, le dos et l'oreille) n'est pas encore effectif, mon répit est de courte durée. Mais j'arrive à garder un taux d'immobilité acceptable sur trois répétitions du premier couplet. En utilisant mes munitions avec parcimonie, sans les gâcher pour le déshabillage-rhabillage, je peux m'en sortir dignement et ainsi affirmer haut et fort : "Merci la fourmi !"