Ah Marseille, les
Marseillais, leur caractère exubérant, méridional, bonhomme,
bruyant, impulsif... et tellement désorganisé et bordélique !
Mardi dernier je reçois
un email de la chargée d'évènementiel de la Cité des Métiers à
Marseille, m'informant de la tenue d'une réunion qui pourrait
m'intéresser sur les "Métiers du digital". La réunion
est prévue... le lendemain. Je goûte un instant l'ironie de la
situation : métiers du digital, planification de la communication,
maîtrise du calendrier. Qu'à cela ne tienne, je reporte sine die
mon épilation de glabelle du mercredi
et je décide de m'y rendre.
Je pars donc d'Avignon à
7h30, je roule bien jusqu'à 6km de la sortie Vieux Port, et là,
bouchon. Normal, il est 8h20, les Marseillais vont travailler. Enfin,
ceux des files de droite et de gauche. Parce que ceux, dont je suis,
de la file du centre, prennent le temps de bien réfléchir encore à
leur avenir professionnel. Me considérant comme légaliste et
respectueux des règles élémentaires de civisme, je reste sagement
dans ma voie, me faisant dépasser des deux côtés, couper la route
à la moindre occasion par les intrus des autres files, auxquels je
réplique d'un gracieux sourire et d'un amical geste de remerciement
de la main.
Après 40 minutes et 200m
parcourus, je perds patience et je déboite. J'avance enfin, mais
j'ai des scrupules à me réinsérer dans le bouchon pour reprendre
la direction du Vieux Port (mon côté légaliste), et puis ça
semble toujours bouché, et puis j'ai déjà 40 minutes de retard...
Alors j'opte pour un itinéraire bis et j'enclenche mon GPS !
Mais ce n'est pas l'idéal
de suivre la bonne route avec le téléphone dans la main*, un œil
sur la route et un œil sur l'écran, et les changements de direction
indiqués avec 50m de retard par l'appli Mappy de l'iPhone. La
couverture réseau à Marseille est méridionale aussi...
Quand parfois j'arrive à
identifier à temps la direction adéquate, des travaux m'empêchent
d'y aller (comment une ville avec autant de chantiers depuis si
longtemps peut elle encore être aussi délabrée ?) et je fais un
détour, puis un deuxième, puis un troisième, et, erreur ultime, je
décide de me fier à mon sens de l'orientation.
Je me retrouve alors
perdu dans des rues minuscules. Je progresse tant bien que mal dans
un dédale de sens uniques quand j'aperçois une voiture en sens
inverse (donc interdit pour elle, pour mémoire). Je m'approche... La
voiture est vide, le conducteur s'est simplement garé là, il devait
habiter à côté... Ô Marseille, la vie est si simple en ton sein ! Marche
arrière, demi-tour, transpiration - pas à cause des manœuvres,
c'est bon, j'ai la direction assistée, mais je commence à
saturer...
Dans une descente, je
suis alors stoppé par 2 flics, pour laisser la priorité à des
camions de la fourrière. Les deux agents dressent des PV et je
patiente... J'ai le temps de méditer sur la bonne nouvelle : il y a
donc une brigade stationnement à Marseille. Et sur la mauvaise : vu le
nombre de gens garés n'importe où, je dois avoir sous les yeux
l'intégralité des effectifs.
Le premier camion
fourrière charge une voiture, 15 minutes se passent, le temps de
saluer les collègues, de retrouver les sangles, de discuter entre
collègues, d'abaisser le monte-charge, de répondre aux collègues,
d'arrimer la voiture, de blaguer avec les collègues, de remonter
dans le camion, de redescendre pour dire au revoir aux collègues...
Puis je me retrouve au
ralenti, toujours dans des rues étroites, derrière un deuxième
camion fourrière qui sert de renfort-couverture-cordon de sécurité
à l'un des fonctionnaires qui dresse les PV. On avance donc à la
vitesse de 10m toutes les 3 minutes, le temps que le mec remplisse
son carnet.
Quand je sors enfin de
là, pas plus avancé, mon GPS est toujours à la masse, les travaux
toujours en cours, j'ai une crampe à la cuisse gauche à force
d'appuyer sur l'embrayage, j'aperçois un panneau indiquant
l'autoroute, je m'y engage et je rentre (je suis en train de devenir
impulsif et marseillais), tant pis pour la réunion, je contacterai
les entreprises du numérique par email, j'y gagnerai en cohérence...
Et puis la prochaine fois, pour voir Marseille, je regarderai Plus belle la vie...
Bonus :
Il y a quelques
années, dans Marseille, je me suis trouvé contraint de rouler au
ralenti derrière un stéréotype phocéen sur sa mobylette. 130
kilos sur des pneus sous-gonflés, mais au ralenti surtout parce
qu'il saluait tous les gens de toutes les rues (il connaissait tout
le monde, Marseille est un village...) avec de grands gestes des
bras, des sourires, des exclamations sonores... Un peu dans le style
de Jean-Claude Gaudin. Et soudain, le drame. Un coup de klaxon
impatient d'une voiture sur sa gauche et instantanément, la
transmutation : changement d'expression faciale, hyper-agressivité,
toujours grands gestes des bras mais invectives sonores... Un peu
Jean-Claude Gaudin en fait. Il a redémarré et 10 mètres plus loin,
il avait retrouvé son sourire énorme et sa bonhomie marseillaise,
avec bien entendu toujours derrière le cortège de voitures qui n'attendaient
que l'instant où il dégagerait la route... Faut-il être schizophrène pour survivre à Marseille ?
*j'ai la chance de
posséder un porte-iPhone à accrocher sur le tableau de bord afin de
libérer les mains pour la conduite. J'ai d'ailleurs essayé de le
mettre en place à l'aide de ruban adhésif double face (made in La Joliette) supportant
jusqu'à 100kg... Mais les parties adhésives collent moins que les
autocollants offerts dans les magazines Toupie, et l'iPhone chute. Il
faut que je m'achète le numéro de décembre rapidement, et en
double...
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