2014-08-27

Scorcese et Rico

Hier soir, à force de cliquer de lien en lien et de blog en site, je suis tombé sur The Big Shake. Il s'agit en fait d'un remake de ça :



Dans The Big Shave, le court métrage original de Martin Scorcese, on voit un homme se raser, puis recommencer, se couper, continuer, se couper de nouveau, et ainsi de suite, jusqu'à dégouliner de sang. Il s'agit, suivant les interprétations, d'une critique de la guerre du Vietnam (nous sommes en 1967) ou d'une "vision personnelle et intime de la mort" (c'est pas moi qui le dit, c'est mon meilleur ami wikipedia !)

Dans The Big Shake, le remake de Lucie Rico, on voit une femme se raser les jambes, puis recommencer, se couper, continuer, se couper de nouveau, et ainsi de suite jusqu'à dégouliner de sang. (effectivement, je viens moi aussi de faire un remake du paragraphe précédent.) Et là, en plus d'une dénonciation féministe de ce geste habituel, quotidien et pourtant violent, Lucie Rico implique le spectateur en lui proposant de choisir la bande-son à écouter pendant le visionnage. En plus de la chanson du film original (I Can't Get Started de Bunny Berigan*), elle nous propose 10 ambiances, par 10 groupes bien différents, au choix. Le spectateur devient acteur, complice de l'hémorragie.

Bon, je ne suis pas du tout porté sur l'analyse cinématographique et on peut donc considérer mes réactions comme celles primaires d'un spectateur basique.

J'ai regardé d'abord le remake, puis l'original, et j'ai été beaucoup plus secoué par la version la plus récente. J'ai choisi d'abord de la visionner accompagnée de la musique d'origine du film, donc toutes choses étant égales par ailleurs, bla, bla, bla...

Je n'ai trouvé que deux explications plausibles à mon détachement devant Scorcese et mon malaise devant Rico.

D'abord, les couleurs de 1967 sont "usées". J'ai grandi en regardant les séries télévisées de ces années-là, l'habitude de l'aspect défraîchi des images a sûrement atténué leur impact sur moi là où la caméra plus récente et donc plus réaliste de The Big Shake m'a happé.

Et puis surtout, la différence a résidé dans le sexe du personnage. Je suis un homme, je me suis déjà rasé, et coupé. Il est possible (probable ?) que j'aie davantage été choqué par les coupures et le sang du remake simplement parce qu'il s'agissait d'une femme. Auquel cas, bravo, mission accomplie, mea culpa, ma réaction est empreinte de machisme. Un machisme culturel seulement, un machisme par habitude, mais un machisme tout de même. Et ça m'a rappelé ce court métrage assez dérangeant d'Éleonore Pourriat qui a fait un petit buzz il y a quelque temps, où l'équilibre entre hommes et femmes dans la société était inversé :


Sinon ce soir, j'ai regardé Le Loup de Wall Street et après en avoir entendu tant de bien par tant de personnes différentes. Eh bien, il n'a pas fonctionné pour moi... J'ai eu l'impression de voir une transposition des Affranchis au monde de la finance. Sauf que dans les Affranchis, j'avais trouvé un esthétisme, une alliance musique-image, une complexité des personnages, un jeu d'acteurs, que je n'ai pas retrouvés dans Le Loup... Mais ça n'engage que moi, hein, c'est mon blog, c'est normal que je ne parle que de moi au fond !



Aucun commentaire: