Il y a des nuits plus sombres que les
autres. Même quand la lune est pleine. Elles suintent la
malveillance. Comme si tout le Mal remontait des profondeurs de la
terre et s'infiltrait partout, entre les joints des portes et des
fenêtres, pour venir hanter mon sommeil et me rappeler à mon insu
l'obscurité malsaine de l'univers. Quand ces nuits arrivent, je suis
désemparé. Je ne sais pas comment protéger les miens. J'ai
l'impression que, d'une minute à l'autre, ils vont m'être arrachés
à tout jamais. Alors j'essaie de me raisonner, je ferme les yeux et
cherche le sommeil. Sans le trouver. Quand l'aube point, les ombres
regagnent précipitamment leurs tanières et je m'assoupis enfin,
encore troublé par le Mal. Je sais que les quelques heures de
repos qui me restent (comme celles des autres nuits plus calmes) ne
seront qu'un court répit avant d'affronter de nouveau les ténèbres
et de rejouer encore une fois la bande-annonce de ce qui nous attend
tous à la fin.
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