Redescente

Après le concert...

Au moment où la salle se vide, d'un coup la fatigue tombe, implacable. Des courbatures plein les épaules d'avoir applaudi, mal au cou d'avoir tendu la tête pour mieux voir, les genoux qui se dérobent. Je boîte vers la scène où les roadies démontent et je quémande une setlist ou un médiatior ou quoi que ce soit. Un type me répond en anglais qu'il n'a rien, on sent à son ton que lui, il travaille... Je remonte vers la sortie toujours en boîtant et je m'assois au fond, je n'ai pas trop envie de déjà partir, j'aimerais prolonger le moment. Tous les regards que je croise sont les mêmes, tout le monde sourit, les gens se parlent sans se connaître. Un gars me demande mes impressions et me donne les siennes, je ne l'ai jamais vu, je ne le reverrai plus jamais... On est un peu à la sortie d'un orgasme collectif : alors, heureux ? On échange quelques numéros avec les personnes qui ont partagé notre attente dans la file, on guette la sortie de Sir Paul sans succès, et on va manger un Big Mac (obligé !) en ne parlant que du concert.


C'est une curieuse impression qui surgit le lendemain (et encore plus au retour à la maison) : à la fois heureux et sur un nuage, mais avec une nostalgie qui monte petit à petit, comme à la fin des vacances lorsqu'on est enfant, la sensation du passé et de son irréversibilité, que quoiqu'il arrive, on ne revivra plus jamais ça. A cela s'ajoute la frustration de ne pouvoir parler de ce qu'on a vécu qu'avec ceux qui y étaient. Raconter qu'on a fait la queue toute la nuit et la journée pour pleurer pendant 1h45 de spectacle, à moins de tomber sur un fan, ça suscite plutôt de l'incompréhension et de l'amusement. On est un peu seul au monde avec ses souvenirs. De souvenirs d'ailleurs il ne reste pas grand chose : quelques photos floues ou sombres et le bracelet que je vais garder un petit peu au poignet pour prolonger le moment (moi qui voulait le jeter sitôt le concert fini pour ne garder que les images en tête). En même temps peu importe, ce qui compte est ce qu'on garde en mémoire et c'était assez fort pour ne pas avoir besoin de stimulation supplémentaire.

PS : il y a quelques temps il était question de vous raconter le concert de Police au SDF, vous comprendrez qu'après McCartney à l'Olympia, ça semble un peu fade et dépassé, même si c'est Sting !

PS : hier au boeuf j'ai massacré du McCartney toute la soirée, c'était mauvais, mais voilà une bonne stimulation de la mémoire !