C'est super, le retour de l'été, de
la chaleur, des tenues légères et des tongs !
C'est vraiment chouette, on va tous de
nouveau se montrer la partie la plus moche de nos anatomies : nos
pieds.
Non, sérieusement, je n'aime pas les pieds, vraiment pas. Mais bon, je comprends parfaitement les
chaussures ouvertes. Ça ne me dérange pas plus que ça que vous
m'exposiez vos orteils tordus à longueur de journées. C'est bon
pour le dos de marcher pieds nus, c'est agréable d'avoir les oignons
à l'air et puis je peux regarder ailleurs.
Si par contre, comme la plupart des
gens qui se déchaussent, vous vous mettez à frotter vos orteils
partout : pieds de table, de chaise, tables basses... j'ai plus de
mal. Je sais que c'est agréable, mais un type qui vient chez moi
pour marquer son territoire en frottant ses pieds sur tout mon
mobilier, j'avoue, ça me soûle.
Pire : dès que vous retirez vos
chaussettes, vous ne pouvez plus vous contenir, vous commencez à
vous tripoter les pieds tout au long des conversations et apéros. On
se caresse la plante, on joue avec ses orteils, on passe son index
entre chaque doigt de pieds. C'est sensuel (les pieds ont 7200
terminaisons nerveuses), mais un peu dérangeant.
Vous trouvez que je fais ma
petite nature ? OK
Mise en situation : soirée avec des
amis, bières sur la terrasse, cacahuètes, chips et saucisson.
Jeanne-Edwige laisse tomber ses claquettes et monte son pied sur sa
chaise, sa main droite se cure négligemment les ongles d'orteils en parlant
de son boss qui lui mène la vie dure parce qu'elle prend trois fois 45 minutes de pause par jour. En face Martin-Michel retire sa
chaussette gauche pour se gratter les peaux mortes en renchérissant
que dans la comm aussi, les cadences sont de plus en plus infernales.
Les pieds de Jeanne-Edwige sortent d'une journée au ras du sol, dans
la poussière, les éclaboussures d'urine de chien dans la rue, les
flaques de jus de poisson au marché couvert bobo des anciennes
halles rénovées par la mairie en 2015, les crottes de pigeon sous
les chênes du parc Etienne Daho... Ceux de Martin-Michel, eux, ont
été plus préservés des agressions extérieures. Mais ils ont
macéré toute la journée (comme 200 autres jours par an) dans ses
vieux mocassins à gland. Ceux sur lesquels il pisse trois
fois par jour dans les urinoirs du bureau (oui Martin-Michel sait orienter son jet, mais oui aussi, le flux de pipi qui va sur la
faïence rebondit tout autour en fines gouttelettes et plus on est
grand, plus la cuvette est basse et plus long est le rebond, lisez ça
juste pour le fun, c'est drôle et bien écrit.)
Je le répète, dans l'absolu, cette
masturbation podale ne me dérange pas. Je serais même heureux de
voir J-E et M-M s'épanouir avec leurs pieds s'ils n'alternaient pas
tripotage et piochage dans les bols de tomates cerise et d'olives.
J'avoue que j'ai du mal à me servir une poignée de Curly après
eux...
J'en fais trop ? Alors je sors
l'argument ultime : le point Godwin** du corps humain...
Je suis assez adepte de la
comparaison-sortie de contexte. En changeant un mot dans une
proposition, on change de référentiel et éclaire tout d'un jour
nouveau. Prenons, presque au hasard, un cas de discrimination
positive comme une course automobile réservée aux femmes.
C'est bon esprit, c'est fait pour le féminisme, ça a l'air sympa et
cool, non ? Eh bien, changez le mot femmes par le mot Juifs et d'un
seul coup, la discrimination n'est plus aussi positive... Et voilà
comment quelque chose qui semble louable est en fait horrible. En
voulant favoriser l'égalité des sexes, on ne fait que renforcer
notre bon vieux système machiste, les femmes avec les femmes et les
hommes avec les hommes... À ce sujet, je vous conseille vraiment la
lecture de King Kong Théorie de Virginie Despentes. On y voit que les
victimes du machisme sont autant les femmes que les hommes et que
nous sommes tous, hommes et femmes, à la fois coupables et victimes
de misogynie. Fin de la parenthèse.
Occupons-nous plutôt de nos pieds et
de leur innocent pelotage en soirées. Si vous changez dans tout ce
qui est écrit plus haut "chaussettes" par "caleçon",
"pieds" par "pénis", "orteils" par
"prépuce"... c'est tout de suite moins fun. Si, si,
relisez et imaginez votre meilleur pote qui vient boire une bière,
se met en slip et se frotte le sexe sur le bord de la table de la
cuisine. Ensuite, il se gratte les testicules, et enroule négligemment ses boucles de poils pubiens autour de ses doigts,
avant de tremper son index dans le tsatsiki en disant avec un clin
d'œil : "j'adore les sauces au yaourt" !
Allez, bon été et bons barbecues
quand même !
PS : je sais, j'ai moi-même des
habitudes franchement répugnantes pour d'autres, comme manger mon
caca ou m'enfoncer des pistaches au fond des narines, mais ça m'a
fait du bien d'en parler malgré tout.
*J'ai longuement hésité pour la photo du post, j'avais plusieurs possibilités, vous trouvez que j'ai fait le bon choix ?
**Il faut que j'arrête de tout
godwiniser, c'est rhétoriquement pourri et intellectuellement biaisé mais c'est marrant...
2 commentaires:
Salut ! Les photos à la fin c'est l'apothéose .. ma préférée est encore la première de l'article et je soupçonne qu'elle vienne de ta photothèque personnelle ... Et merci de nous avoir invités chez vous un jour plus frais, on n'a pas sorti nos orteils....bises
Eh oui, j'ai toujours eu un don naturel pour l'harmonisation des couleurs...
Bises
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