J'ai été défié dans un jeu sur Facebook pour sélectionner les 10 albums que j'ai écouté, qui m'ont marqué et que j'écoute toujours avec le même plaisir. Les voilà :
Revolver / The Beatles
Evidemment, j'aurais pu tous les
choisir et j'avais mes 10 albums et plus, mais à n'en retenir qu'un,
c'est Revolver, parce qu'il fait la transition entre les "vieux"
Beatles, ceux de l'ancien temps et les Beatles "modernes",
entre les gentilles chansons pleines d'énergie, de fraîcheur et de
jeunesse et les expérimentations géniales. Sur Revolver, on a tout
ça, et surtout 14 chansons toutes différentes et toutes tubesques.
Je le réécoute et j'ai la pêche, comme au premier jour, et tout
redevient possible !
Harvest / Neil Young
461 Ocean Boulevard / Eric Clapton
Le Clapton des 60s et 70s est mon
idole. Il peut tout jouer, avec groove et âme, très vite ou très
lentement, toujours dans l'esprit, toujours stone aussi. Dans 461,
comme dans les autres albums de Clapton, il y a une grosse base
blues, mais toujours avec une ouverture pop, rock, reggae même. Là,
en plus, c'est Clapton, mais avec un groupe qui déchire : Carl
Radle, Jamie Oldaker, George Terry, Yvonne Elliman... Tout le monde
ne sera pas d'accord, mais je retrouve dans cet albm le même esprit
que dans ses lives des années 70, ceux qu'on retrouve dans le
coffret "Crossroads 2"...
Indelibly Stamped / Supertramp
Avant Supertramp, il y avait un autre
Supertramp. Avec Rick Davies et Roger Hodgson déjà, mais c'est
tout, les autres musiciens n'ont pas survécu aux deux premiers
albums confidentiels du groupe. Et pourtant, tous les ingrédients
sont là, les compos, les harmonies, avec l'urgence en plus. Les
titres sont nerveux et manquent parfois un peu de maturité, le son
est plus direct et moins policé que par la suite mais on entend un
côté beaucoup plus live et joué. Et puis on sent bien les
influences Beatles, Led Zep, Doors...
The Köln Concert / Keith Jarrett
Keith Jarrett est un pianiste génial,
mais aussi un vrai connard à gros ego. En 1975 sort un
enregistrement de concert totalement improvisé, à Cologne. C'est
magnifique. On peut écouter et réécouter ce disque 1000 fois et
toujours entendre de nouveaux détails, de nouvelles influences et
correspondances. Ce concert a failli ne pas avoir lieu. Ce soir-là,
le piano sur scène n'est pas d'excellente qualité et M. Jarrett,
n'en étant pas satisfait, hésite longuement à annuler sa
prestation. Finalement, il monte sur scène énervé, et commence son
impro en reprenant les 4 notes de la sonnerie de rappel de la
salle... Le résultat est top, à tel point qu'on peut se demander
s'il ne faudrait pas à chaque fois lui fournir un piano pourri pour
l'agacer avant qu'il ne joue... Non, il ne vaut mieux pas. Keith
Jarrett est capable d'arrêter une prestation parce qu'un spectateur
l'a sorti de sa concentration en éternuant. Quand même... J'ai un
pote qui a travaillé longtemps aux Nuits de Fourvières à Lyon et
il me racontait que quand Keith Jarrett était programmé, les gars
se battaient pour ne pas être de service ce jour-là tellement il
est imbuvable.
Axis: Bold as Love / The Jimi Hendrix Experience
Parce que c'est Hendrix, qu'il est au
moins autant pop que blues, que c'est à mon avis son album le plus
équilibré : moins direct et brouillon que le premier, mais aussi
parce qu'enregistré dans l'urgence, moins torturé et sinueux que le
suivant et dernier de l'Experience.
(What's the Story) Morning Glory / Oasis
On n'est pas dans les mélodies et
arrangements les plus subtils, mais c'est par cet album en 1995 que
j'ai écouté Oasis. À ce moment-là, j'ai dans l'oreille les sons
bruts et un peu crades des 60s-70s que je vénère ou à l'opposé
les jolies productions soignées des 80s avec leurs multiples couches
de reverb et l'impression que pas un instrument n'a été enregistré
live, que je déteste. Et Oasis arrive et dépasse le mur du son.
J'écoute l'album au casque, le volume à fond et je retrouve
l'énergie des 60s, avec un son sale ET moderne. Le frisson à chaque
fois (à cause du son, des chansons, de la voix ou du volume ?) 10
ans plus tard, je comprends pourquoi j'aime la Britpop en visitant
Liverpool : dans tous les pubs, les musiciens montent sur scène,
s'en foutent d'être accordés ou pas, gueulent dans le micro et
chantent pendant trois heures (là où leurs homologues français
passent deux heures à s'accorder, régler le slapback et la
compression, pour susurrer du Goldman pendant 45 minutes.) Et plus
c'est brut, plus le lien entre la musique et l'âme est direct.
Oasis, c'est n'importe quel groupe du nord de l'Angleterre, un groupe
de bourrins alcoolisés, mais dont la musique est parvenue jusqu'à
Avignon en 1995...
Sheer Heart Attack / Queen
Pour le coup, Queen, c'est
l'anti-Oasis. C'est British, mais très étudié et calculé, sans
jamais négliger l'énergie. Sur Sheer Heart Attack, comme
d'habitude avec Queen, ça part dans toutes les directions, mais avec
des morceaux courts. Queen est un genre de all-star band, avec le
meilleur à chaque poste, et un esprit collectif en sus. Rien à dire
sur Queen, juste à (ré)écouter
Rhapsody in Blue / George Gershwin
Parce qu'il n'y a pas que le rock dans
la vie... Ce disque était dans la collection de mes grands-parents,
entre Jean-Claude Borelly et Yvette Horner, et curieusement et
heureusement, c'est lui dont je me souviens le plus ! Avec le recul,
ce n'est ni du classique, ni du jazz, ce n'est pas ce qu'il y a de
plus subtil, ni de plus intellectuel, mais j'ai été hanté par
cette œuvre. Je l'avais repiquée sur cassette et je l'écoutais et
réécoutais dans mon lit d'ado la nuit en me demandant si j'oserais
demander le lendemain à Sandrine (ou Nathalie, ou Karine, vous
pouvez changer le prénom par n'importe lequel à la mode à la findes années 70) si
elle voudrait bien sortir avec moi... Et pourquoi la version dirigée
par Bernstein ? Parce que c'est celle que j'avais à la maison, et
depuis, si j'écoute d'autres versions, ce n'est pas tout à fait
pareil, la force de l'habitude ou du chef d'orchestre ? Un avis
là-dessus mes amis musiciens ? Sinon, une fois j'ai osé demandé à
Aurélie de me prêter une cartouche de stylo-plume, mais c'est
tout... C'était dur l'adolescence...
Bonus : Vulfpeck
En bonus, une vidéo live de Vulfpeck,
un groupe funk américain. Souvent, le funk, c'est très joli, et
très en place avec des arrangements improbables et tordus, on ne
sent aucune humanité dans la musique, tout tombe au bon moment, à
la milliseconde près. Du coup, c'est une musique de bassiste ou de
batteur. Au-delà de 2 minutes, les autres auditeurs (dont je fais
partie) trouvent ça chiant... Mais pas Vulfpeck, et pas en live !
Commencez à regarder la vidéo pour tester, mais méfiez-vous : j'ai
commencé un soir à 1h30, "juste pour un morceau ou deux",
et je me suis retrouvé toujours devant à 3h, à bouger la tête
dans tous les sens et à continuer de monter le volume du casque (qui
était au max depuis le deuxième titre) ! Et ils ont le site web le plus génial et vintage du net : vulfpeck.com.
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