Voilà, j'ai fini de lire
Moderato Cantabile de Marguerite Duras ! J'avais suivi le
conseil d'un compagnon de déménagement au début du mois et je ne partage qu'à moitié son opinion sur le livre.
D'abord, je pourrais vous
faire un résumé de l'intrigue, puis
ensuite tenter une analyse du roman, mais tout ça a été tellement
bien fait ailleurs que non, je ne perdrai pas de temps là-dessus.
Mon conseiller littéraire
mobilier m'avait recommandé Moderato Cantabile en me disant
que comme Houellebecq, Duras y faisait de la non-fiction, mais 40 ans
avant.
Franchement, je n'ai pas
vu du tout le lien de parenté avec Houellebecq. Il n'y a aucun
passage du type :
Jacques appuya de nouveau sur la touche lecture de la télécommande et immédiatement, la beurette sur l'écran se remit à lécher le gland du type velu.
En Asie, certains types de lombrics (verus asiaticus) prolifèrent particulièrement au moment de la saison des pluies, entre la mi-octobre et la fin novembre. Les femelles partent en chasse de nouveaux mâles pour féconder leurs oeufs et peuvent parcourir jusqu'à 700m par semaine afin d'assurer un renouvellement correct du matériel génétique de l'espèce et ainsi éviter toute dégénérescence. Une fois un mâle repéré et choisi, la femelle libère des phéromones très puissantes qui paralysent les fonctions respiratoires de leur partenaire. Elle a alors tout loisir d'accéder à son appareil génital, d'y prélever la semence, et de repartir pondre dans son territoire d'origine. Une fois la femelle partie, le mâle suffoque et agonise lentement.
Dans la télévision, Velu éjacula sur le visage de Beurette. Jacques jouit exactement au même instant.
En revanche, je comprends pourquoi il parlait de
non-fiction, même si le terme me semble inapproprié. Mon meilleur
ami Wikipedia définit la non-fiction comme "l'ensemble des
écrits ne relevant pas de la
ficton". Raté,
Moderato Cantabile est un roman, donc une fiction. Mais on
peut le rattacher au mouvement du Nouveau Roman,
(d'ailleurs il a été publié aux Éditions de Minuit, ce qui est
presque une condition nécessaire, mais pas suffisante, pour un
auteur du Nouveau Roman.) Dans Moderato Cantabile, l'intrigue
est au second plan. Un évènement déclencheur au départ, et tout
le reste n'est que conversations qui se répètent à ce sujet,
positions et rapports psychologiques qui évoluent lentement entre
les personnages.
Le problème avec
Moderato Cantabile (comme avec tout ce que j'ai lu du Nouveau
Roman) est seulement que c'est encore un peu trop subtil pour moi. À
la lecture, je saisis qu'il y a autre chose derrière les dialogues
répétitifs, je suppose le parallèle entre les protagonistes du
roman et ceux de l'évènement déclencheur de l'intrigue, j'ai
conscience de la présence et de l'intelligence de l'auteur dans la
conception, mais tout ça me reste trop lointain, me dépasse. J'ai
du mal à me plonger vraiment dans le livre, trop lent, dans sa
signification, trop cachée.
De Duras, j'avais
vraiment préféré Un Barrage contre le Pacifique, à
l'intrigue plus dynamique. Dedans on trouvait déjà la complexité
des personnages, le désespoir et la détresse qui transparaissent
dans le style, la musicalité des mots. À ce sujet, j'ai été
touché par la grâce de l'écriture de Duras, aérienne, légère et
profonde, musicale. Une écriture où l'architecture des phrases, la
sonorité des mots comptent presque plus pour le sens du roman que
leurs significations propres. Comme la phrase d'avant n'est pas
claire, je reformule : parfois, on lit sans que les mots et les
phrases ne fassent vraiment sens pour nous, et pourtant, on comprend
le fond du propos. La sonorité, l'agencement des mots, leur
musique parlent directement à nos émotions, sans
l'intermédiaire d'une compréhension formelle. C'est exactement
comme quand on écoute une chanson dans une langue étrangère et
qu'on ressent pourtant l'émotion du morceau. Par exemple,
adolescent, je ressentais la tristesse, la colère et le ton désabusé
de Sexie Sadie des Beatles, sans rien comprendre aux
paroles...
À l'arrivée donc, deux
romans de Duras lus, et une impression mitigée. J'aime bien, mais
sans plus... Une troisième lecture pour sortir enfin du NSPP me
semble indiquée... Vous avez des conseils ?
1 commentaire:
Ne compte pas sur moi. Je fais un voeu pieux depuis plus de 20 ans, chaque année, je promets de lire Duras, d'en essayer un autre, parce que bon, c'est Duras quand même me dis-je et chaque année, j'essaie et je lasse, je laisse, je remets à l'année suivante. Duras et moi sommes une espèce de couple maudit, jusqu'à ce que je ne puisse plus lire, je réessaierais mais je ne sais pas pourquoi et certainement pas parce que c'est Duras quand même.
L'année dernière, c'était " Le ravissement de Lol V. Stein ", lâchement abandonné, l'année d'avant " Les petits chevaux de Tarquinia", je l'ai presque aimé, presque, mais...
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