2016-09-06

Wash in 5 et on fait ce qu'on peut...



Depuis quelques mois, avec des amis, nous avons lancé un challenge à but humanitaire sur les réseaux sociaux, le Wash in 5 challenge. C'est simple, il s'agit d'économiser de l'eau ici pour la redistribuer là où elle manque.
Nous proposons aux gens de prendre une douche de 5 minutes seulement, ce qui correspond à 40 litres d'eau économisés par rapport à la moyenne française de 9 minutes, puis de se prendre en photo en sortie de douche, de la poster sur notre page Facebook. Nous comptabilisons les économies effectuées et tous les 5000 litres économisés (125 photos reçues), une entreprise partenaire finance une action d'accès à l'eau en Inde, jusqu'à présent des filtres à eau pour fournir des écoliers en eau potable (5 à l'heure où j'écris). On transforme les selfies en eau potable, le futile en utile... et c'est gratuit !

Agir ici pour là-bas

Quand j'étais petit et que je ne finissais pas mon assiette, ma maman me disait : "Pense aux petits Africains qui n'ont pas de quoi manger" Hormis le fait qu'une phrase pareille, même dans les années 80, oscillait entre maladresse et racisme, TOUS les Africains ne souffraient pas de sous ou de mal ou de dé-nutrition, je n'ai jamais pu trouver le rapport entre mon assiette pleine en Bourgogne et l'assiette vide d'un enfant sur un autre continent. Si je ne finissais pas mes haricots verts, ma mère les mettait à la poubelle et ça ne changeait hélas rien pour mon alter ego éthiopien.
Et avant, avec l'eau c'était pareil. Vous pouviez toujours consommer moins, celui qui habitait dans des régions en pénurie d'eau ne voyait pas sa situation évoluer pour autant. Mais plus maintenant ! En faisant savoir que vous dépensez moins (par la photo montrant que vous participez au #washin5challenge), vous contribuez à l'accès à l'eau pour des personnes qui n'en ont pas !
On parlait de village global il y a quelques années en arguant qu'internet rapprochait les gens, abolissait les distances, virtuellement au moins. De nos jours, ce qu'on fait ici peut avoir un impact loin, très loin, et un impact positif, et surtout réel ! Comme un effet papillon immédiat ! Mais je m'égare...

Les pisse-froid arrivent !

Le #washin5challenge prend donc de l'ampleur et nous en sommes très heureux et fiers. Mais comme toujours quand on a un tout petit peu de popularité sur les réseaux sociaux, débarque une frange d'internautes opposée à ce qui se passe (et à tout en général) et qui, plutôt que de passer son chemin et de trouver des sujets qui l'intéresse, prend le temps de commenter, dénigrer et cracher son venin.

Et quand on gère une page comme la nôtre, bénévolement, uniquement animés de bonnes et louables intentions, et qu'on est au contact de ces personnes, on a envie d'engager la conversation, de leur répondre et de les convaincre. Sauf que c'est impossible. Il vaudrait mieux les laisser dire et se lasser, et continuer de travailler avec ceux qui sont de bonne volonté. Et puis surtout, plus on leur répond, plus on essaie de leur parler, plus ils s'enfoncent dans le dénigrement et plus la discussion est frustrante et inutile.

Alors voilà, histoire d'évacuer cette frustration qui monte et monte en moi, plutôt que de me perdre en invectives futiles et improductives dans les fils Facebook et twitter, je vais défoncer ici une bonne fois pour toutes l'ensemble des arguments de ces aigris, puis les laisser à leur tour se défouler sur les réseaux sociaux en les ignorant et penser de mon côté à des initiatives plus constructives...

Comment pisser froid (et le faire savoir) ?

Les opposants au challenge ont grosso modo deux arguments : "vous économisez et redistribuez un peu d'eau alors que des gouvernements entiers et des industriels gâchent les ressources et polluent sans vergogne... Vous ne servez à rien." et/ou "c'est bien de se doucher en 5 minutes, mais si en plus on coupait l'eau en se savonnant, en se brossant les dents, en faisant la vaisselle, si on restreignait les chasses d'eau uniquement aux cacas et pas aux pipis (froids bien entendu !), si on limitait l'arrosage de son jardin... on ferait plus. Vous n'allez pas assez loin, vous ne servez à rien, je ne participe pas !"

Pour résumer, comme ils ne peuvent pas vraiment oser dire que consommer moins et aider les autres, c'est tout pourri, ils justifient leur non-participation* par le fait que ce n'est pas assez...

Et ça me révolte au plus profond de moi... Parce qu'on a le droit de ne rien faire, mais on n'a pas le droit de ne rien faire en invoquant ces raisons-là !

Et c'est maintenant que je me défoule un peu...

J'aime bien transposer les situations pour en saisir la vacuité parfois**, dire que le #washin5challenge ne sert à rien, c'est un peu comme dire :

"ça ne sert à rien de fliquer les automobilistes, de réduire les seuils d'alcoolémie autorisés et les limitations de vitesse, de toute façon, le cancer fait beaucoup plus de morts que la route"

"j'ai arrêté complètement et définitivement le sport, de toute façon, je ne crois pas être capable de battre le record du monde du 100m"

"N'accueillons pas les migrants de Syrie, j'ai déjà du mal à payer mon loyer"

Attention point Godwin ! Berlin 1936 : "de toute façon des millions de juifs sont en train d'être déportés, pourquoi aiderais-je la famille qui vit en face de chez moi ? Statistiquement c'est Erdnüsse !"

Non, le #washin5challenge ne résout pas le problème de l'accès à l'eau au niveau mondial, ne résout pas non plus le réchauffement climatique, et n'inverse pas la courbe du chômage... Ce n'est aussi qu'une goutte d'eau dans un désert, mais ce n'est pas parce que nous ne faisons que peu que c'est inutile. Chacun agit à son échelle...

La culpabilité ? Quelle culpabilité ?

Ensuite une partie des opposants râle aussi en disant qu'on nous fait toujours culpabiliser et que ce n'est pas de notre faute si certains manquent d'eau et si on consomme trop en Europe et aux États-Unis... Ben oui, ce n'est pas notre faute individuellement, mais collectivement oui, et personne ne parle de culpabilisation, juste de prise de conscience et de choix de vie, se dire qu'au moins, personnellement, on a essayé... Chacun fait ses choix et jamais nous n'avons jeté la pierre à quiconque se douche en 30 minutes... L'eau que je ne consomme pas chez moi sera sûrement consommée par un autre de mes voisins. Mais si je consomme moins et que je me prends en photo pour participer au challenge, alors, je contribue à faire une différence pour celui qui, à l'autre bout du monde, manque d'eau. Je ne résous pas les problèmes écologiques, politiques, humains, mais j'aide à les réduire, un petit peu...

Pour les prochains qui ne soutiennent pas notre action, ou qui ne souhaitent pas participer, mais qui veulent accentuer la cacophonie des réseaux sociaux en faisant le choix de transformer leur droit à la parole en devoir d'expression, dites-nous simplement que ça vous emmerde de ne passer que 5 minutes sous la douche, ou que vous avez conscience du luxe d'avoir accès à l'eau pendant longtemps et que vous voulez en profitez pleinement... ça c'est positif, indiscutable, personnel et assumé, et même si mon point de vue diverge, je ne peux qu'accepter le vôtre... Mais arrêtez de nous envoyer des argumentations bidons par pitié !

*au passage, notez bien qu'on ne met la pression à personne pour participer, on essaie de faire passer le mot, de motiver, mais nous ne cochons pas dans nos listes d'amis et de connaissances les noms de ceux qui font le #washin5challenge ou pas. Chacun est libre !

**et j'ai aussi conscience que transposer n'est pas jouer et qu'il y a des choses qu'on ne peut comparer qu'au risque de se tromper lourdement. Ceci étant dit, c'est mon blog... j'y écris ce que je veux ! Et puis, là, la transposition est utile puisque j'ai raison*** !

***j'ai forcément raison, puisque c'est MON blog !

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