Tu me manques... Après
plus de 10 ans, ça continue et ça augmente. On s'est ratés au
fond, pas croisés aux bons moments de nos vies, de la mienne en tout
cas. Je t'ai rejeté, tu ne m'as pas recherché non plus, et puis
quand j'ai eu besoin de toi, c'était trop tard. J'aurais vraiment
aimé que tu sois là quand j'avais besoin des conseils d'un père.
J'aurais vraiment aimé que tu sois là certains soirs de concerts,
que tu sois fier de moi, ou pas, que tu trouves comme moi que je me
perdais en route, ou pas.
J'aurais vraiment aimé que tu nous voies jouer, Stéphane, Anne et moi, trois sur quatre en scène, les larmes et la fierté dans les yeux de Maman, les larmes et la fierté dans nos yeux. D'ailleurs, tu étais là avec nous parfois, comme le soir de ta mort, mais juste une présence, juste une pensée constante dans nos esprits pendant qu'on jouait... J'aurais aimé te présenter mes filles, finalement, j'aurais aimé qu'elles t'appellent Papi ou Pépé ou ce que tu aurais voulu, et qu'elles te fassent des dessins et des collages. J'aurais aimé que ce soit toi plutôt que moi qui leur montre comment faire un bateau en papier, puis qui leur raconte une histoire de naufrage et déchire le pliage pour qu'il ne reste plus que la "chemise du capitaine". J'aurais aimé que tu leur découpes à elles aussi des médailles en carton pour jouer aux JO. J'aurais aimé boire et prendre une cuite avec toi, pas une cuite à discussions et explications et engueulades, une cuite à rires et confidences, une cuite père-fils, une cuite comme je n'en aurai jamais, même avec mes pères de substitution qui ne le seront jamais, on ne te remplace pas...
J'aurais vraiment aimé que tu nous voies jouer, Stéphane, Anne et moi, trois sur quatre en scène, les larmes et la fierté dans les yeux de Maman, les larmes et la fierté dans nos yeux. D'ailleurs, tu étais là avec nous parfois, comme le soir de ta mort, mais juste une présence, juste une pensée constante dans nos esprits pendant qu'on jouait... J'aurais aimé te présenter mes filles, finalement, j'aurais aimé qu'elles t'appellent Papi ou Pépé ou ce que tu aurais voulu, et qu'elles te fassent des dessins et des collages. J'aurais aimé que ce soit toi plutôt que moi qui leur montre comment faire un bateau en papier, puis qui leur raconte une histoire de naufrage et déchire le pliage pour qu'il ne reste plus que la "chemise du capitaine". J'aurais aimé que tu leur découpes à elles aussi des médailles en carton pour jouer aux JO. J'aurais aimé boire et prendre une cuite avec toi, pas une cuite à discussions et explications et engueulades, une cuite à rires et confidences, une cuite père-fils, une cuite comme je n'en aurai jamais, même avec mes pères de substitution qui ne le seront jamais, on ne te remplace pas...
J'aurais aimé déceler
derrière ton assurance et l'affirmation brute tes hésitations et le
manque de confiance en toi. J'aurais peut-être pu les voir et les
comprendre avec les années, plutôt que de les ignorer et de les
mépriser avec l'intransigeance de mon adolescence. Alors, j'aurais
mieux accepté mes hésitations et le manque de confiance en moi.
J'aurais aimé me
construire différemment, puisqu'aujourd'hui tous mes choix, toutes
mes envies, tous mes rêves semblent me ramener à ton parcours.
J'aurais aimé avoir l'illusion d'être plus libre, moins dépendant
de mon ascendance, mais je n'ai que ton souvenir et quoi que j'y
fasse, je suis comme dans un tunnel, une seule direction possible
pour avancer, je marche dans tes pas, de loin.
J'aurais aimé ne pas
voir ton visage dans mon miroir le matin, j'aurais préféré,
vraiment, avoir oublié tes traits de quarantenaire, effacés de ma
mémoire par tes rides de soixantenaire que je ne peux qu'imaginer
aujourd'hui et que je découvrirai dans mon miroir dans vingt ans
peut-être.
J'aurais aimé surtout
que tu surgisses parfois dans ma vie pour de vrai, plutôt qu'au
hasard d'une chanson sur scène, d'une couleur de lune, d'un parfum
d'été, du visage d'un homme qui te ressemble peut-être dans une
foule, de la rencontre d'un de tes vieux amis, comme un fantôme de
mon enfance. J'aurais préféré te croiser pour de vrai, plutôt que
ta présence qui ne se manifeste que par le manque, la nostalgie
d'une époque pas si heureuse pourtant. Tu es comme une silhouette
découpée dans un tableau, un trou dans le décor. Aujourd'hui je ne
te croise dans ma vie qu'en négatif photographique, on appelle ça
un portrait en creux, non ? En tout cas, si le creux me permet de te
sentir, il accentue le vide aussi, impitoyablement.
C'est facile d'écrire
tout ça après, on aurait pu et du profiter de nous quand on
pouvait. Mais c'est maintenant que je réalise tout ça, quinze ans
trop tard, à l'aune de ma propre expérience et de ma propre vie.
Trop tard, beaucoup trop tard. Finalement, il n'y a que pour ça que
je t'en veux un peu, tu aurais du faire en sorte qu'on se connaisse
plus et mieux. Tu regrettais ton père parti trop tôt, tu regrettais
de ne pas l'avoir assez vu et connu, et tu as répété la même
erreur, quand tu étais de l'autre côté, du bon côté. Pour ça,
et seulement pour ça, je t'en veux, mais ça ne sert à rien.
J'espère simplement ne pas faire la même erreur à mon tour avec
mes filles. J'espère. Tu me manques...
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