2018-05-13

Le jeu des 10 albums


J'ai été défié dans un jeu sur Facebook pour sélectionner les 10 albums que j'ai écouté, qui m'ont marqué et que j'écoute toujours avec le même plaisir. Les voilà :

Revolver / The Beatles



Evidemment, j'aurais pu tous les choisir et j'avais mes 10 albums et plus, mais à n'en retenir qu'un, c'est Revolver, parce qu'il fait la transition entre les "vieux" Beatles, ceux de l'ancien temps et les Beatles "modernes", entre les gentilles chansons pleines d'énergie, de fraîcheur et de jeunesse et les expérimentations géniales. Sur Revolver, on a tout ça, et surtout 14 chansons toutes différentes et toutes tubesques. Je le réécoute et j'ai la pêche, comme au premier jour, et tout redevient possible !


Harvest / Neil Young



Là, j'aime la fausse mollesse, le côté flemmard du jeu, tout en retenue, parfois presque bancal et fragile (lié au timbre de voix de Neil Young ?) Tout l'album semble prêt à se casser la gueule d'un moment à l'autre et pourtant tout se tient, solide dans les compositions et dans les harmonies. À l'arrache et hyper travaillé...

461 Ocean Boulevard / Eric Clapton



Le Clapton des 60s et 70s est mon idole. Il peut tout jouer, avec groove et âme, très vite ou très lentement, toujours dans l'esprit, toujours stone aussi. Dans 461, comme dans les autres albums de Clapton, il y a une grosse base blues, mais toujours avec une ouverture pop, rock, reggae même. Là, en plus, c'est Clapton, mais avec un groupe qui déchire : Carl Radle, Jamie Oldaker, George Terry, Yvonne Elliman... Tout le monde ne sera pas d'accord, mais je retrouve dans cet albm le même esprit que dans ses lives des années 70, ceux qu'on retrouve dans le coffret "Crossroads 2"...

Indelibly Stamped / Supertramp



Avant Supertramp, il y avait un autre Supertramp. Avec Rick Davies et Roger Hodgson déjà, mais c'est tout, les autres musiciens n'ont pas survécu aux deux premiers albums confidentiels du groupe. Et pourtant, tous les ingrédients sont là, les compos, les harmonies, avec l'urgence en plus. Les titres sont nerveux et manquent parfois un peu de maturité, le son est plus direct et moins policé que par la suite mais on entend un côté beaucoup plus live et joué. Et puis on sent bien les influences Beatles, Led Zep, Doors...


The Köln Concert / Keith Jarrett



Keith Jarrett est un pianiste génial, mais aussi un vrai connard à gros ego. En 1975 sort un enregistrement de concert totalement improvisé, à Cologne. C'est magnifique. On peut écouter et réécouter ce disque 1000 fois et toujours entendre de nouveaux détails, de nouvelles influences et correspondances. Ce concert a failli ne pas avoir lieu. Ce soir-là, le piano sur scène n'est pas d'excellente qualité et M. Jarrett, n'en étant pas satisfait, hésite longuement à annuler sa prestation. Finalement, il monte sur scène énervé, et commence son impro en reprenant les 4 notes de la sonnerie de rappel de la salle... Le résultat est top, à tel point qu'on peut se demander s'il ne faudrait pas à chaque fois lui fournir un piano pourri pour l'agacer avant qu'il ne joue... Non, il ne vaut mieux pas. Keith Jarrett est capable d'arrêter une prestation parce qu'un spectateur l'a sorti de sa concentration en éternuant. Quand même... J'ai un pote qui a travaillé longtemps aux Nuits de Fourvières à Lyon et il me racontait que quand Keith Jarrett était programmé, les gars se battaient pour ne pas être de service ce jour-là tellement il est imbuvable.


Axis: Bold as Love / The Jimi Hendrix Experience



Parce que c'est Hendrix, qu'il est au moins autant pop que blues, que c'est à mon avis son album le plus équilibré : moins direct et brouillon que le premier, mais aussi parce qu'enregistré dans l'urgence, moins torturé et sinueux que le suivant et dernier de l'Experience.


(What's the Story) Morning Glory / Oasis



On n'est pas dans les mélodies et arrangements les plus subtils, mais c'est par cet album en 1995 que j'ai écouté Oasis. À ce moment-là, j'ai dans l'oreille les sons bruts et un peu crades des 60s-70s que je vénère ou à l'opposé les jolies productions soignées des 80s avec leurs multiples couches de reverb et l'impression que pas un instrument n'a été enregistré live, que je déteste. Et Oasis arrive et dépasse le mur du son. J'écoute l'album au casque, le volume à fond et je retrouve l'énergie des 60s, avec un son sale ET moderne. Le frisson à chaque fois (à cause du son, des chansons, de la voix ou du volume ?) 10 ans plus tard, je comprends pourquoi j'aime la Britpop en visitant Liverpool : dans tous les pubs, les musiciens montent sur scène, s'en foutent d'être accordés ou pas, gueulent dans le micro et chantent pendant trois heures (là où leurs homologues français passent deux heures à s'accorder, régler le slapback et la compression, pour susurrer du Goldman pendant 45 minutes.) Et plus c'est brut, plus le lien entre la musique et l'âme est direct. Oasis, c'est n'importe quel groupe du nord de l'Angleterre, un groupe de bourrins alcoolisés, mais dont la musique est parvenue jusqu'à Avignon en 1995...


Sheer Heart Attack / Queen



Pour le coup, Queen, c'est l'anti-Oasis. C'est British, mais très étudié et calculé, sans jamais négliger l'énergie. Sur Sheer Heart Attack, comme d'habitude avec Queen, ça part dans toutes les directions, mais avec des morceaux courts. Queen est un genre de all-star band, avec le meilleur à chaque poste, et un esprit collectif en sus. Rien à dire sur Queen, juste à (ré)écouter


Rhapsody in Blue / George Gershwin



Parce qu'il n'y a pas que le rock dans la vie... Ce disque était dans la collection de mes grands-parents, entre Jean-Claude Borelly et Yvette Horner, et curieusement et heureusement, c'est lui dont je me souviens le plus ! Avec le recul, ce n'est ni du classique, ni du jazz, ce n'est pas ce qu'il y a de plus subtil, ni de plus intellectuel, mais j'ai été hanté par cette œuvre. Je l'avais repiquée sur cassette et je l'écoutais et réécoutais dans mon lit d'ado la nuit en me demandant si j'oserais demander le lendemain à Sandrine (ou Nathalie, ou Karine, vous pouvez changer le prénom par n'importe lequel à la mode à la findes années 70) si elle voudrait bien sortir avec moi... Et pourquoi la version dirigée par Bernstein ? Parce que c'est celle que j'avais à la maison, et depuis, si j'écoute d'autres versions, ce n'est pas tout à fait pareil, la force de l'habitude ou du chef d'orchestre ? Un avis là-dessus mes amis musiciens ? Sinon, une fois j'ai osé demandé à Aurélie de me prêter une cartouche de stylo-plume, mais c'est tout... C'était dur l'adolescence...


Bonus : Vulfpeck



En bonus, une vidéo live de Vulfpeck, un groupe funk américain. Souvent, le funk, c'est très joli, et très en place avec des arrangements improbables et tordus, on ne sent aucune humanité dans la musique, tout tombe au bon moment, à la milliseconde près. Du coup, c'est une musique de bassiste ou de batteur. Au-delà de 2 minutes, les autres auditeurs (dont je fais partie) trouvent ça chiant... Mais pas Vulfpeck, et pas en live ! Commencez à regarder la vidéo pour tester, mais méfiez-vous : j'ai commencé un soir à 1h30, "juste pour un morceau ou deux", et je me suis retrouvé toujours devant à 3h, à bouger la tête dans tous les sens et à continuer de monter le volume du casque (qui était au max depuis le deuxième titre) ! Et ils ont le site web le plus génial et vintage du net : vulfpeck.com.

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