2008-12-11

La Pluie

A force qu'Avignon connaisse la mousson ces derniers temps, je me suis demandé si toutes les gouttes de pluie avaient la même forme à l'origine et par extension, comment elles se formaient. En tout cas à l'arrivée, leur taille diffère. Il suffit d'arriver en centre-ville un soir de pluie vers 19h30 en voiture et de chercher une place près de chez soi (pour éviter d'être trempé sur le retour) et on a bien une quarantaine de minutes à observer l'aterrissage des gouttes sur son pare-brise pour s'en convaincre.



Mais cette question initiale m'a mené à des pensées plus profondes lorsque j'ai commencé à imaginer la vie d'une goutte de pluie. Elle se forme (je ne sais toujours pas comment mais je vais me renseigner sur le net, j'imagine que c'est la condensation, mais le phénomène demeure un peu trop abstrait à mon goût) dans un nuage, haut dans le ciel. On imagine l'endroit très froid et très calme. Puis elle commence à chuter avec ses soeurs, toujours dans le silence et l'harmonie. Certaines fusionnent et se regroupent, tombent plus vite et happent peut-être encore d'autres gouttes un tout petit peu plus agées qu'elles. (Mais alors, on pourrait avoir des gouttes d'eau de plusieurs litres si on les faisait tomber d'assez haut pour que la chute dure suffisamment longtemps, non ? Note pour plus tard : rencontrer un météorologue) La goutte de pluie fait alors partie d'un ensemble, d'un tout, elle n'a pas ou plus conscience de son individualité, mais cela doit lui procurer une sensation d'harmonie infinie, elle est une note indissociable de l'accord parfait et global auquel elle participe. Elle n'est rien puisque peu, mais tout puisque indispensable.

Et d'un seul coup, le choc, l'éclatement. La violence inouïe et l'explosion au sol dans un fracas qu'on imagine énorme (à l'échelle d'une goutte d'eau). Une naissance puisque sa vie d'eau ne fait que se transformer et continuer, une mort puisque sa vie de goutte, elle, s'achève.

Et de nouveau, le calme, l'harmonie et le ruissellement sur et dans le sol, de nouveau l'agglomération avec l'eau d'avant, la sensation peut-être de faire partie d'un cycle et de servir à bien plus qu'à nettoyer les pare-brises des voitures rue de la République.

Et enfin les questions finales (finales puisque j'ai trouvé une place rue Thiers, pas trop loin de chez moi, et que je vais heureusement arriver pile à l'heure pour Plus Belle la Vie) : La violence du choc est-elle nécessaire à l'harmonie du cycle ? L'harmonie nait-elle de la violence ? Ou l'engendre-t'elle ? Sommes-nous des gouttes d'eau en chute libre ? En ruissellement ? Si oui, quand viendra la sensation du tout ? Et enfin ne sommes-nous pas simplement des gouttes d'eau en train d'éclater dans un interminable instant de furie ?

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Moi je n'imagine pas du tout l'explosion des gouttes de pluie comme la mort mais plutot comme la division d'elles-memes pour mieux s'eparpiller et s'agglutiner aux autres ex-gouttes pour former un tout, c'est comme si elles se donnaient toutes la main pour former une chaine qui va aller nourrir les plantes etc, c'est la vie. D'ailleurs les cellules aussi se divisent et se multiplient avant de former un bebe.
Ne serais-tu pas un brin pessimiste?
Mais bon je comprends que si tu veux parler de fin, ou de mort de la goutte de pluie c'est par rapport au bruit qu'elles produisent, et parce qu'elles se crash sur ce qu'elles rencontrent mais bon, pourquoi ne pas plutot voir ca comme de la musique, sauf qu'elles ne savent jouer qu'une note et qu'elles utilisent toutes le meme instrument. Et puis voir ça comme quelque chose qui mouille et qu'il faut eviter pour ne pas attraper froid c'est bien aussi.
Cléop

Anonyme a dit…

je viens de me relire et c'est plutot marrant "se divisent et se multiplient". Enfin bon n'y fais pas attention ou plutot si, si ca peut te faire sourire.
La meme

Xa a dit…

Ben oui, c'est le paradoxe ! Naissance et mort ! Multiplication et division ! Excellent !