Dimanche dernier, comme deux semaines avant, je suis allé voter, mais l'ambiance entre les deux tours avait changé. Le 22 avril, pour la première fois, j'avais ressenti une espèce d'euphorie, comme si je prenais vraiment conscience de l'importance du vote et de la chance que j'avais de m'exprimer. Plus prosaïquement, il faisait beau, les gens souriaient, j'avais les cheveux propres, n'allons pas chercher plus loin les causes de mon enthousiasme citoyen. Bref, là, le 6 mai, j'étais content d'aller voter, mais j'avais un noeud à l'estomac. L'importance du moment prenait le pas sur le sentiment de chance. Le fait que pour les deux candidats ce soit la première fois me donnait l'impression que nous allions, quoiqu'il arrive, plonger dans l'inconnu, alors qu'en y regardant de plus près, nous n'avions pas vraiment affaire à des nouveaux-venus, et encore moins en voyant leurs entourages. J'ai hésité jusque dans l'isoloir.